Être pierre

Être pierre

Sarah Boutin

Sarah Boutin est une autrice, artiste visuelle et chercheuse qui s’intéresse à ce qui rend possible l’apprivoisement des récits fantomatiques dont nos corps sont peuplés. Son travail prend des formes hybrides où performance, photographie et poèmes se rencontrent. Elle appelle sa démarche prière, car elle tend à communier avec ce qui ne parle pas tout à fait comme nous. Sarah Boutin a reçu une mention du jury au prix de poésie Geneviève Amyot 2024 et est lauréate du Prix du public Moebius 2022. Ses textes et ses œuvres ont été présentés dans Item, Vie des arts, Ex_situ et NYX, et au Yeast Photo Festival, aux Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie et à la Maison de la littérature. Son recueil Prendre fin a été publié chez Pièce jointe.

Devenir pierre

L’expérience du deuil me donne si peu à dire que, comme Écho1Ovide, « Narcisse et Écho », in Les Métamorphoses, Trad. Danièle Robert, Paris, Actes Sud, 2001, p. 95‑101. Désormais abrégé en NE suivi du numéro de page., j’aimerais me transformer en pierre. Ainsi, je pourrais perdre mon visage et la bouche qui vient avec. Seulement alors mon silence serait irréprochable ; ni un refus ni une conséquence, non plus un empêchement ou un manque ou une faille − ne pas arriver à dire, ne pas savoir comment −, mais ma condition. Minérale, j’aurais enfin accès au langage très ancien qu’en tout temps je cherche et cette tristesse, tirée vers la poussière, ferait réapparaitre le « principe de résistance du monde et du langage2René Lapierre, Renversements : l’écriture-voix, Montréal, Les Herbes rouges, 2011, p. 23. » non pas pour s’en guérir, ni même pour s’en soulager, mais pour céder à l’amour que recèle même l’inévitable.

La nymphe relie le deuil, les os, la pierre et la voix. Je cherche dans son récit s’il me faut résoudre les absences ou assumer la béance. Ce tiraillement témoigne d’une tension entre l’hésitation à entrer dans le deuil et aussi la volonté entêtée qui m’engage à rencontrer intimement mes pertes. Dans le mythe, Écho est punie par Junon, la fille de Saturne, pour avoir contrecarré son entreprise visant à surprendre les nymphes couchées dans la montagne avec son époux Jupiter. Les histoires interminables qu’Écho racontait à la déesse la retenaient et donnaient aux nymphes le temps de fuir afin qu’elles ne soient pas prises en faute. Quand Junon s’en aperçoit, elle dit : « “Le pouvoir de cette langue qui m’a abusée sera diminué et ta parole réduite à sa plus simple expression.” Aussitôt dit, aussitôt fait » (NE, 96). Écho ne peut plus parler la première : pour s’exprimer, elle est contrainte à répéter les derniers mots de son interlocuteur. La nymphe rencontre Narcisse, dont elle tombe amoureuse. Cet amour n’est pas réciproque : lorsqu’elle tente de l’approcher, il prend la fuite « et, en fuyant, lui crie : “Cesse de m’enlacer ! Plutôt mourir que te laisser disposer de moi !” » (NE, 97). Plus tard dans le mythe, fasciné par son propre reflet, Narcisse se transforme en fleur. Ovide rapporte que le corps d’Écho se dégrade à la suite de ce rejet amplifié par la disparition de l’être de son désir : son squelette se transforme en rocher, seule sa voix demeure inaltérée et perdure jusqu’à ce jour pour rappeler cet amour impossible.

C’est cette voix que je cherche à écouter. Dans les textes qui parlent d’elle, je n’entends pas Écho. Il m’est impossible d’avoir accès directement à la parole de la nymphe, qui ne peut que répéter ce que dit l’autre. Il semble toutefois que cette dynamique se perpétue dans les travaux qui se sont consacrés à la figure : là aussi, on parle à sa place. Avant même d’entendre ce qu’elle aurait à dire, on semble lui refuser une voix propre. C’est comme si l’intérêt pour son histoire était dirigé uniquement autour d’elle − pour défendre des enjeux qui ne la concernent pas directement − plutôt que vers elle. À défaut de permettre une compréhension profonde de la figure d’Écho, ces analyses bruyantes tendent à recouvrir ce qui pourrait constituer son propre langage. À titre d’exemple, la dynamique entre Écho et Narcisse subit fréquemment une lecture psychologisante dans laquelle la nymphe est dépeinte comme la victime d’une relation narcissique qui la ronge et la rigidifie. Il est indéniable qu’Écho est affectée par l’absence de réciprocité amoureuse de la part de Narcisse. Ovide écrit que « les soucis qui la tiennent éveillée épuisent son corps misérable, la maigreur dessèche sa peau, toute la sève de ses membres s’évapore. Il ne lui reste que la voix et les os ; sa voix est intacte, ses os ont pris, dit-on, la forme d’un rocher » (NE, 97). Pourtant, le destin d’Écho ne se résume pas à l’altération de sa parole. Transformé en pierre, son corps est aussi modelé par ses expériences de refus et de deuil.

Des relectures féministes du mythe sont proposées en réponse à cette pathologisation du sujet féminin, condamné à dépérir pour cause d’amour infructueux. Dans celles-ci, Écho est présentée comme un sujet doté d’agentivité qui infléchit les paroles de Narcisse en choisissant de ne lui renvoyer que les mots qui lui permettent d’exprimer le contraire d’un rejet3Philippe Arnaud, « Écho et Narcisse : poésie et impasse chez l’être parlant », Le Télémaque, vol. 40, no 2, 2011, p. 13.. Par exemple, lorsque Narcisse lui dit : « plutôt mourir que te laisser disposer de moi ! » (NE, 97), Écho répond : « te laisser disposer de moi ! » (NE, 97). C’est en trouvant une part de liberté à même sa limite langagière que la nymphe exprime sa subjectivité et, ce faisant, renverse l’apriori selon lequel elle serait exclusivement subordonnée aux volontés de l’autre4Selon Neuman, tel que rapporté par Havercroft, l’agentivité est « la capacité d’agir de façon autonome, d’influer sur la construction de sa propre subjectivité et sur sa place et sa représentation dans l’ordre social ». Barbara Havercroft, « Autobiographie et agentivité. Répétition et variation au féminin », in Jean-François Hamel, Barbara Havercroft et Julien Lefort-Favreau (dir.). Politique de l’autobiographie : engagements et subjectivités, Montréal, Nota bene, coll. « Contemporanéités », 2018, p. 266.. En reprenant littéralement les mots prononcés par Narcisse et en arrivant à en changer la signification, Écho déploie sa « créativité […], à l’instar du poète qui se saisit du langage dont il dispose pour lui donner un sens inédit5Florence Klein, « Écho, l’intertextualité déformante et une poétique féminine chez Ovide et quelques autres », Polysèmes, 2018, p. 6. ». Cette proposition de Florence Klein qui octroie à la nymphe un potentiel poétique, bien que salvatrice, s’ajoute aux interprétations qu’on fait de la figure et participe à camoufler toutes les nuances de sa véritable voix. Car, affirmer l’expression d’Écho comme étant mue par le désir de se connecter à l’autre, revient-il à occulter que cette tentative de persuasion vient par exemple avec le choc de ne pas avoir été choisie par l’aimé ? Peut-on agrandir notre conception de ce qui amorce et constitue le chant de la nymphe de manière à ce que cohabitent souffrance et émancipation ?

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Écho me semble surtout définie par son immatérialité : on disserte à propos sa parole contrainte puis en quelque sorte libérée, et lorsqu’on s’intéresse à son corps, cela semble être pour en démontrer qu’il est en état critique : « son visage couvert de honte », « sa maigreur lui ride la peau » (NE, 97). Qu’on ne se soit pas plus amplement attardé à son incarnation en dit long sur notre manque d’attention pour ce qui est en deçà – ou bien au-delà – de la parole. Camille Readman-Prud’homme écrit : « il apparaît plus justifié de suspendre le silence pour présenter une parole qui s’érige autour de choses précises, “réelles”, communes, que d’éléments diffus6Camille Readman-Prud’homme, Pendant se taire, suivi de Ce que je suis dans le, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal, 2018, p. 94. ». Pourtant, dans le cas d’Écho, il semble que nous ne prenions pas en considération son aspect tangible, comme si s’y dédier risquait d’ébranler les interprétations qui en ont été faites. Je lis chez Ovide : « ses os ont pris, dit-on, la forme d’un rocher » (NE, 97) et, naturellement, je me demande de quoi a l’air ce rocher ? D’un point de vue psychologique, la forme que prend Écho nous amène à outrepasser l’analyse simpliste d’une dynamique de non-réciprocité entre deux individus. Sa transformation nous informe sur les manières dont le deuil engendre une métamorphose du corps. Il semble qu’on ignore qu’avant même que l’expérience puisse être mise en mot, ce véhicule de l’être est à lui seul un espace d’écriture. Car, dans cette histoire, c’est bien de deuil qu’il s’agit : Écho expérimente d’abord la perte de l’espoir que son amour lui soit rendu et, ensuite, la perte de Narcisse lui-même.

Certaines parts de notre être s’élaborent par la relation qu’on a avec l’autre. Selon David White, le plus souvent, on découvre les fondations matérielles ou symboliques7Krista Tippet et David White, « Seeking Language Large Enough », https://onbeing.org/programs/david-whyte-seeking-language-large-enough/. – les soins et les habitudes subordonnées la dynamique entre deux personnes ou les traits de caractère et qualités qu’elle nous permettait d’incarner – lorsque ses appuis nous manquent. Dès lors, peu importe que l’objet perdu le soit de notre propre initiative – volonté de se retirer d’une situation – ou qu’il le soit par la force des choses, l’absence constitue une lésion dans l’être et ébranle l’appareil psychique8Paul-Laurent Assoun, « Le deuil et sa complaisance somatique : le deuil et le corps selon Freud », Revue française de psychosomatique, no 30, 2006, p. 129.. Le phénomène du deuil peut être ressenti comme une chute dans le vide9Voir David White cité par Krista Tippet, « Seeking Language Large Enough », op. cit.. Inévitablement, cela s’accompagne d’une décompensation, comme la chute après une cassure, dont le corps accuse le coup10Paul-Laurent Assoun, op. cit., p. 129.. Le deuil mènerait à un double mouvement : premièrement il prend possession du corps qui l’éprouve et, deuxièmement, le corps le prend en lui et lui donne signe11Selon Jacques Fontanille le corps sensible est à la fois un espace de réception (somatique) et un espace de représentation (sémantique). Voir Ivā Carlos Lopes, « Jacques Fontanille, Soma et séma. Figures du corps, Paris, Maisonneuve et Larose, 2004 », Actes Sémiotiques, 2006, en ligne, https://www.unilim.fr/actes-semiotiques/2150. qui matérialisent un état psychique. Dès lors que le corps endeuillé accuse la perte, il tente de modifier la situation depuis l’intérieur sur laquelle toute action externe est devenue inefficace12Paul-Laurent Assoun, op. cit., p. 125.. Le processus de somatisation apparaît alors « comme la forme morbide de solidarité identificatoire avec l’objet aimé perdu, en même temps qu’il est un moyen d’en venir physiquement à bout13Ibid., p. 127.. ». En choisissant de se dévouer interminablement à ce qui est perdu14Andréane Frenette-Vallières écrit : « Nous pouvons choisir quelles fatigues nous useront. Et je choisis celle de l’interminable dévotion. » Andréane Frenette-Vallières, Tu choisiras les montages, Montréal, Éditions du Noroît, coll. « Chemins de traverse », 2022, p. 13., Écho souhaite-t-elle préserver le lien15Nicolas Lévesque, Le deuil impossible nécessaire, édition revue, Montréal, Nota bene, 2013, p. 39. ? Le corps qui accueille en lui la perte en « mett[ant] en œuvre la conservation du mort par une identification au tombeau16Gisèle Chaboudez, « Pierre Fédida : des bienfaits de la dépression », Figures de la psychanalyse, no 8, 2003, p. 146. » réclame son appartenance à l’objet perdu et tente de lui être loyal. En raison de la coupure, l’expression de cette loyauté ne peut se faire qu’indirectement ; des symptômes apparaissent donc. Le symptôme exprime en quelque sorte l’agentivité du sujet qui, en extériorisant le deuil, tente de s’en affranchir. La souffrance jusqu’alors irreprésentable est densifiée à même un membre ou un organe qui en devient malade. Le sujet n’est plus soumis ; ce qui lui échappe s’est transformé en une souffrance avec laquelle il peut être en lien. Paul-Laurent Assoun dit que l’avènement de la somatisation témoigne d’un regain, car tant que

le sujet est enfoncé dans la mélancolie, il a perdu jusqu’aux ressources d’expression somatique. Au point que l’apparition d’une maladie du corps (organique) vaut comme indice favorable du retour d’une sensibilité objectale. Comme si le corps mélancolique, frigidifié et pétrifié, se réveillait par l’événement de somatisation17Paul-Laurent Assoun, op. cit., p. 124..

En cherchant à circonscrire le manque de Narcisse, Écho tente de restituer sa capacité autoplastique, mais « son pauvre corps [qui] s’épuise en tourments sans trêve » (NE, 97). Cet épuisement qui découle du projet de mettre fin à l’abandon que ressent la nymphe conséquemment au rejet de Narcisse n’est pas qu’une affliction ; il témoigne également qu’une certaine vitalité persiste chez le sujet.

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Je me relie à Écho comme à une sœur disparue. Je me glisse entre les mailles des interprétations qu’on fait d’elle. Je veux l’entendre. Je n’échappe pas aux biais de ma lecture. Je délaisse les qualificatifs qui ont des allures de diagnostics : méprisée, repoussée, prisonnière, condamnée, émancipée, agente, poète me semblent m’éloigner du cœur de ce que je cherche. J’ai l’intuition qu’il est faux de dire qu’Écho « ne possède aucune initiative dans le langage, (elle est la passivité du langage), [qu’] elle ne sait que répondre18André Hirt, L’écholalie, Paris, Hermann, 2011, p. 8. ». Forcément, on ne devient pas un rocher que par inlassable chagrin. Y aurait-il dans ce corps desséché une volonté propre que l’on n’aurait pas encore saisie ? Quelle serait-elle ? Cette figure réclame davantage d’écoute.

Sécheresses

Tout ce qui larmoie me semble présager un danger ; je guette l’eau qui goutte du robinet et les fourmis qui râlent l’une à la suite de l’autre en transportant l’aile d’un papillon. Au moment où ma grand-mère meurt, je ne pleure pas, ne hurle pas, ne parle même pas. Dans le carnet, je note : Mon deuil est un désir qui a besoin de lenteur pour m’ouvrir, mais je m’en protège. Comme Anna Zerbib, je choisis de faire de ce désir et de cette peine

des formes d’écriture, de ne prendre aucun recul, d’écrire pendant. J’ai dû garder les absents présents. J’ai empêché le deuil de commencer dans la vie pour qu’il prenne le biais de l’écriture, pour qu’il prenne son corps, pour qu’il passe, littéralement, par elle et que mon texte ne raconte pas un homme perdu et une [grand-]mère morte, mais qu’il constitue bien, en lui-même, l’entreprise d’abandon de l’obsession pour ces deux présences impossibles19Anna Zerbib, Un passage, suivi de Des chambres à soi, carnet d’adresses, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal, 2019, p. 72..

Le plus souvent, la démarche par laquelle je tente de sublimer mes émotions est un échec ; le choc se fait sentir dans mon corps, plutôt que dans le corps de l’écriture. Le texte devient un arrachement, une fatigue, un acharnement. Je sens qu’il me faut mentir. Je remplace les mots perte, blanc, langueur par pansement, chrysalide, lilas. Ces mots-bandages cherchent à camoufler la tristesse, car je doute qu’elle ait sa place dans le projet. Je ne sais pas encore comment l’offrir aux autres – la donner à voir, à lire – et s’il serait pertinent de le faire. Mon corps accumule.

Nier, cacher, enfermer, endormir le deuil et s’en sentir coupable advient parce que nos corps portent en eux la mémoire de toutes ces fois où notre affliction, jugée excessive, transgressive et menaçante pour l’ordre établi a été passible de sanctions. On a associé nos voix de femmes à la bestialité, à la folie et à la sorcellerie en se basant sur les sons perçants et onomatopéiques que nos ancêtres poussaient lors d’accouchements ou de sacrifices20Nicolas Lévesque, op. cit., p. 120.. On a convenu que ces cris menaçaient la rationalité. « Aux femmes en deuil, la cité grecque va imposer silence, car elle redoute au plus haut point l’inachèvement ou plus exactement l’infini qui traverse leurs cris21Ibid., p. 179. ». Dans le but de « maîtriser l’expression des émotions, [de] limiter l’exposition publique de l’endeuillé[e] [et de] l’isoler d’une certaine manière22Ibid. », des stratégies de contrôle prenant la forme de rituels de deuil ont été mises en place. Des femmes – nos arrières-arrières-arrières-grands-mères – se sont donc retrouvées responsables des lamentations funèbres dans lesquelles la peine était déployée de façon ostentatoire, mais réduite à un lieu, à une durée et à un moment précis23Ibid., p. 183.. Cette prise en charge du chagrin de façon théâtralisée ne laissait pas de place pour l’expression personnelle des émotions. Il y a donc longtemps que nous nous taisons. Il y a aussi longtemps que nous avons appris à trouver notre voix ailleurs que dans la parole.

La forme est une voix

Mes réflexions se constituent dans le manque. J’avance vers les pensées, mais elles se dérobent. Je délaisse mon bureau et le texte que j’en suis à écrire pour me rendre près du framboisier à la lisière du bois. Devant l’amas de verdure, de grandes feuilles trop vieilles pour être cueillies et infusées, je ne repère pas un fruit. Je suis déçue. En m’approchant, je repousse un lot de tiges épineuses avec le dos de mon avant-bras pour me frayer un chemin à l’intérieur de la masse. C’est là que je comprends que je n’ai pas cessé d’écrire. Ce n’est qu’avalée par les sous-arbrisseaux que je trouve, cachées, tellement de framboises, petites et gorgées de sucre, que mes mains ne suffisent pas à les tenir. Je replie le bas de ma robe pour les contenir et je pense : la vraie parole d’Écho réside en son corps, si on s’y attarde, elle doit être aussi généreuse que celle des framboisiers.

Pour atteindre les fruits, j’accepte les égratignures sur les bras et sur les jambes, les piqures de moustiques dans le cou et la moiteur d’une limace sur ma malléole. La voix d’Écho revêt une aussi grande exigence. J’ai l’intuition que le contact avec le précieux ne laisse personne indemne : il reste hors d’atteinte pour qui n’accepte pas d’y perdre une partie de son intégrité. Il faut se donner tout entière à ce qui semble d’abord inexistant. Gabrielle Giasson-Dulude écrit : « Nous n’avons pas l’habitude d’être à l’écoute des choses qui ne parlent pas ; ne savons pas comment nous y prendre pour les entendre et pour nous relier à elles24Gabrielle Giasson-Dulude, Les chants du mime, Montréal, Éditions du Noroît, coll. « Essais », 2017, p. 78. ». J’accepte de me taire pour écouter ce qui, partout, se passe discrètement. Aujourd’hui, le ruisseau chahute. Le son est modulé par les aspérités du lit contre lequel l’eau se cogne. Écho parle abondamment par sa forme, comme ces pierres que l’eau recouvre.

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En acoustique, l’écho est une onde sonore qui revient après avoir percuté une surface. Si on se fie au phénomène auquel on assiste en montagne, par exemple, c’est la forme sur laquelle le son se cogne qui détermine ce qui sera renvoyé, le reste étant absorbé25Estelle Schorpp, « Artiste sonore et chargée de cours en acoustique », communication personnelle, 2022.. C’est donc en modelant la forme de son corps qu’Écho arrive à écrire, c’est-à-dire à choisir les sons qui sont retournés à Narcisse pour lui exprimer son désir. Dans la maigreur et la rigidification réside le projet d’une expression. Le regard que porte l’anthropologue Luce Des Aulniers sur une sculpture funéraire, un corps en chagrin taillé dans la roche, éclaire ce qui cherche à être communiqué, elle écrit : « nous pouvons à partir de la pierre éloquente entendre les affects complexes qui composent les larmes (même si elles ne sont pas toujours apparentes, ici et autrement)26Luce Des Aulniers, « Qui pleure ici, là ? », Info deuil – Conférences, colloques, publications, 2024, p. 1-120, https://infodeuil.ca/250/21-qui-pleure-ici-la-/chronique.html. ». Semblablement, le corps de la nymphe prend le relais « pour signifier le rapport à l’objet [manquant] au moment où précisément le dire est impossible27Paul-Laurent Assoun, op. cit., p. 130. ». En trouvant sa voix dans sa forme, elle défie la contrainte d’élocution qu’on lui a infligée et elle honore le caractère indicible de la perte qui « prive le sujet du langage élémentaire pour énoncer ses affects28Gisèle Chaboudez, op. cit., p. 145. ». Écho nous rappelle que le silence est intrinsèque à certaines expériences. Peut-être n’arrivons-nous pas à expliciter les chocs parce que notre psyché nous en protège : « nous nous trouvons en dessous des mots, nous éprouvons des sentiments, des impressions, mais nous n’arrivons pas à les faire entrer dans le langage29Camille Readman-Prud’homme, op. cit., p. 91. ». Leur empreinte est ressentie, mais demeure en quelque sorte méconnue et résiste à ce qu’on puisse s’y référer mentalement30Michael Richardson et Kyla Allison, « Affect and the Unsaid: Silences, Impasses, and Testimonies to Trauma », in Amy Jo Murray et Kevin Durrheim (dir.). Qualitative Studies of Silence: The Unsaid as Social Action, Cambridge, Cambridge University Press, 2019, p. 238.. C’est le corps qui peut témoigner, car même quand il est impossible de parler, le corps est affecté et nous informe de ce qu’il éprouve31Ibid., p. 241.. L’absence de parole n’implique pas pour autant une absence de langage. Ce qui se tait ne renonce pas à communiquer, mais est transmis autrement32Georges Didi-Huberman, Blancs soucis, Paris, Éditions de Minuit, 2013, p. 103.. Comment se fait-il, alors, qu’on accorde si peu d’importance à la forme [minérale] que prend la nymphe ? On se désintéresse des expériences somatiques parce qu’elles sont déstabilisantes ; criantes, subtiles, innommables, impossibles à circonscrire. Notre attirance pour l’intelligible banalise l’écriture présente dans les corps silencieux. Dans le cadre d’une discussion sur la valeur constructive de la souffrance, la psychologue Nathalie Plaat contextualise cet entêtement à la rationalité en expliquant que notre contexte culturel occidental contemporain médicalise la souffrance en l’associant à la maladie. Elle dit pourtant : « être souffrant, ce n’est pas être malade, c’est être vivant33Nathalie Plaat, Karina Marceau et Marie-Ève Cotton, « La riche valeur constructive de la souffrance », https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/a-la-recherche-du-soi-perdu/segments/rattrapage/1953634/rapport-a-soi-avec-nathalie-plaat. ». Notre urgence d’intellectualiser la souffrance nous rendrait peu disponibles à nous laisser souffrir de la souffrance des autres et, donc, à nous attarder aux manifestations physiques qui la rendent manifeste. C’est comme si entrer en empathie avec l’autre nous exposait à une vulnérabilité implicitement proscrite de façon systémique. Dès lors, nous préférons délimiter le langage à ce qui est explicitement dit. La professeure de biologie environnementale et forestière Robin Wall Kimmerer voit un danger dans l’ambition de nommer tous les phénomènes et toutes les dynamiques du vivant. En les identifiant, nous avons l’impression de les saisir et de savoir sur eux ce que nous avons à savoir34Krista Tippet et Robin Wall Kimmerer, « The Intelligence of Plants », https://onbeing.org/programs/robin-wall-kimmerer-the-intelligence-of-plants-2022/.. L’écueil de la nomination est qu’on s’attarde davantage aux mots qu’on appose aux êtres, aux situations et aux choses, qu’à l’observation des phénomènes qu’on tente de définir.

Que raconte Écho si on la dispense des analyses qui la limitent à être une victime d’une histoire sentimentale malencontreuse ou qui l’émancipe de cette lecture un peu simplement en expliquant qu’elle trouve dans la contrainte qui lui est imposée le potentiel d’une poétique ? Son corps et sa voix appellent-ils à être consolés ? À moins que l’écriture permise par son corps mérite d’être amplifiée ?

Comment enlacer un rocher, comment supporter le poids qu’il porte ? Il nous faut apprendre à mieux écouter.

Selon Anne Dufourmantelle, il y aurait dans l’écoute la possibilité d’« accéder à la tristesse, [d]’entamer un peu la vérité de cette fatigue [pour] en extraire le principe actif, vital, l’urgence35Anne Dufourmantelle, Éloge du risque, Paris, Payot et Rivages, 2014, p. 81. ». En s’astreignant à sa faiblesse, Écho « aspire en quelque sorte à s’affranchir du pouvoir, à retrouver une indépendance et une autonomie36Andréane Frenette-Vallières, op. cit., p. 79. ». Le silence à l’origine de cette entreprise d’amenuisement extrême – jusqu’à devenir un rocher – n’est pas de nature calme. Si on essaie réellement de le comprendre, nous pouvons reconnaître le tumulte des voix que Frenette-Vallières qualifie d’anorexiques

cherchent à dire, on réalise que le jeûne anorexique ou mystique n’est ni une maladie mentale, ni une déviance théologique, et qu’il ait été catalogué comme tel atteste à quel point il dérange. Que les femmes qui s’expriment par le corps soient diabolisées ou déifiées au Moyen Âge, ou psychiatrisées ou ignorées aujourd’hui, montre le trouble que l’on ressent face à ce qu’elles tentent de dire : qu’elles désirent être les agents de leur vie. Qu’elles ne trouvent pas d’autres moyens que le jeûne pour exprimer ce désir atteste de la violence avec laquelle on a tenté de les faire taire37Nathalie Fraise, L’anorexie mentale et le jeûne mystique du Moyen Âge : faim, foi et pouvoir, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 154..

En investissant une langue somatique, Écho souhaite-t-elle par le fait même nous inculper ?

Des Aulniers explique qu’il faut encore départir « le consolable versus l’inconsolable » du deuil. Cette distinction ne se provoque pas ; elle « ne peut se passer que lorsque le lien que nous ressentons avec la part de nous-même qui s’est élaborée avec l’autre devient moins déchirante. Cet adoucissement de l’expérience de la perte n’est pas nécessairement un soulagement ; même la sensation d’apaisement déroute parce qu’elle advient à un rythme qui ne dépend pas de notre capacité à raisonner l’absence38Luce Des Aulniers, op. cit., p. 3. ». Ainsi, les creux de la nymphe s’obstinent à faire entendre une voix qui nous confronte à notre hantise du vide. Elle nous force à abandonner l’idée selon laquelle le deuil pourrait être absolument contrôlé. Face à elle, « nous nous trouvons aux prises [avec] certaines expériences dont on ne semble pas pouvoir témoigner, comme si elles étaient acceptables pour le corps, mais pas pour la pensée, ou encore la parole39Camille Readman-Prud’homme, op. cit., p. 112. ».

S’abstient-on de porter attention à ce corps qui parle parce qu’on craint d’y retrouver la perte très ancienne qui de tous les temps constitue une blessure, celle-là qui force une prise de conscience de notre propre mortalité ? Pathologise-t-on trop facilement la réaction d’Écho qui pourtant nous rappelle à des états – entre autres l’amour, le rejet, la sidération – et des écueils qui, finalement, nous humanisent ? Didi-Huberman écrit :

Un corps qui crie qu’il souffre est encore beaucoup plus gênant qu’un corps qui souffre, parce qu’en criant il expose toute sa faiblesse ; de plus, il expose toute notre faiblesse, car il s’adresse directement à nous qui le regardons en nous signifiant bruyamment que notre regard ne fait rien pour le sortir de sa douleur40Georges Didi-Huberman, Ninfa dolorosa. Essai sur la mémoire d’un geste, Paris, Gallimard, coll. « Art et artistes », 2019, p. 84..

On sait qu’on ne se sortirait pas indemnes d’avoir approché le corps d’Écho. On préfère l’ignorer. Toutefois, reconnaître que certaines parts de nous seront blessées « à jamais » par la perte permettrait à l’inconsolable de ne pas nous envahir. En somme, lorsque « nous n’avons pas comme objectif de liquider absolument ce qui fait mal, nous sommes plutôt patient.e.s des découvertes41Luce Des Aulniers, op. cit., p. 5. ».

Lamentations

La tristesse, la désolation, les pleurs désorganisent la parole qui les expérimente et essaie d’en rendre compte. Le langage intelligible ou explicatif, qui regarde le corps de haut ne convient pas à l’endeuillée. Parce qu’elle est modulée par la perte, qu’elle prend en compte l’incomplétude et qu’elle est sensible aux halètements du corps qui la porte, la plainte combat une sorte de déterminisme du langage. Rythmée par un échange perpétuel « de la mort et de la survivance, de l’être perdu et de l’être endeuillé, du silence et du cri, de l’absence et de l’appel42Georges Didi-Huberman, op. cit., p. 85. », la voix de la lamentation est toujours brisée, blessée. Concrètement, cela se manifeste par des suppressions et des césures. Ces espaces permettent au deuil de devenir « autre chose qu’un pur et simple abattement ou une capitulation devant la fatalité du destin43Ibid., p. 238. ». En ce sens, la structure de l’élocution d’Écho revendique le fait que la parole n’a pas à être pleine pour dire quelque chose qui vaille qu’on s’y attarde. Le poème qui embrasse le deuil constitue une forme de réceptacle. La lamentation agit comme un linceul, un écrin corporel, vocal, gestuel44Ibid., p. 125.. Celui qui la scande y dépose sa douleur. Ce faisant, il fait apparaitre ce qui a disparu et le protège symboliquement de sa totale disparition. Car clamer la souffrance ne constitue pas une solution : « La poésie en ce sens n’a jamais “résolu” quoi que ce soit, et surtout pas la douleur. Elle se résout plutôt à la douleur. Didi-Huberman explique qu’elle est une façon de l’accueillir, de vivre avec, d’en exprimer l’inexprimable45Ibid., p. 202.. » Le poème qui se lamente est donc « à la fois objet de désespérance et objet de sagesse46Ibid., p. 125. ». Il témoigne de la souffrance et la valide, mais ne cherche pas à la réparer. Il lui fait confiance. « Se lamenter, c’est scander. C’est répéter en boucles multiples qui se transformeront éventuellement. C’est faire haleter les phrases. C’est rythmer, c’est chanter déjà47Ibid., p. 261.. » Est-ce ce qu’Écho avait compris son deuil comme une condition inextricable du vivant ?

***

Je m’abandonne à imaginer la forme accidentée de la nymphe. Elle porte forcément des aspérités, des cavités particulières puisque le son qu’elle renvoie à Narcisse est modulé. Pour renvoyer positivement les phrases de rejet qu’il lui adresse, Écho absorbe en elle tous les marqueurs de négation. On dit qu’elle est un rocher, mais serait-elle aussi constituée de matières molles, de zones spongieuses, d’un tissu qui absorberait les émotions plus difficiles à vivre ? À l’instar du poème, le corps d’Écho est un espace de réception. La poète Jane Hirshfield écrit :

If meat is put into the bowl, meat is eaten.
If rice is put into the bowl, it may be cooked.
If a shoe is put into the bowl,
the leather is chewed and chewed over,
a sentence that cannot be taken in or forgotten.
A day, if a day could feel, must feel like a bowl.
Wars, loves, trucks, betrayals, kindness,
it eats them.
Then the next day comes, spotless and hungry.
The bowl cannot be thrown away.
It cannot be broken.
It is calm, uneclipsable, rindless,
and, big though it seems, fits exactly in two human hands.
Hands with ten fingers,
fifty-four bones,
capacities strange to us almost past measure.
Scented—as the curve of the bowl is
with cardamom, star anise, long pepper, cinnamon, hyssop
48Jane Hirshfield, Ledger, New York, Knopf Doubleday, 2020, p. 21..

Le bol dans le poème d’Hirshfield accueille tout ce qu’on y dépose. Pareillement, j’aimerais savoir ce que contiennent les creux de la figure ; les refus de Narcisse, certes, mais quoi d’autre ? J’imagine les temps qui s’y condensent et qui altèrent la pierre ; ses coins s’érodent, de la mousse y pousse. La masse compacte est constituée des os de la nymphe et de combien d’autres corps aussi ? En réagissant corporellement « à une situation cruciale de désir [et] d’effroi, de deuil [et] de désespoir49Georges Didi-Huberman, Gestes d’air et de pierre : corps, parole, souffle, image, Paris, Éditions de Minuit, 2018, p. 40. », Écho révèle l’antériorité que portent nos gestes et dont nous sommes à notre insu encore acteurs50Ibid.. Notre mémoire consciente ne répond pas à l’exigence du souvenir, mais nos corps sont plus vieux que leur âge réel. Chacun de nos tissus et chacune de nos structures contient le temps long qui l’origine51Michel Serres, Corps, Paris, Carnets nord, 2017, p. 12. nos réflexes sont l’aboutissement d’un mouvement qui dure depuis des milliers d’années52Georges Didi-Huberman, op. cit., p. 15. l’épigénome transmet les expériences de nos ancêtres, agissantes même si elles ne nous ont pas été racontées, et nos muscles contiennent la répétition de nos habitudes53Fabien Jannic-Cherbonnel, « Avoir honte, c’est normé », https://louiemedia.com/emotions/honte. La transformation d’Écho peut être envisagée comme une réaction à la perte de l’autre, mais il ne s’agit pas que de cela. Admettons que nous résistions à personnifier sa quête, pouvons-nous écouter ce corps qui se laisse être défait par la « perte de l’autre [qui] habite et structure d’ores et déjà [une] mémoire54Nicolas Lévesque, op. cit., p. 34. », « hors de toute économie du souvenir55Georges Didi-Huberman, op. cit., p. 15. » comme empreint d’une sagesse selon les paroles de Georges Didi-Huberman ? Et s’il y avait dans le désaxement du corps de la nymphe non pas une incapacité, mais « une certitude de ce que nous sommes sur un autre plan, c’est-à-dire, au-delà de l’axe de la subjectivité centrée sur le moi56Assumpta Bassas Vila, Blanca Cassas Brullet et Joana Maso, Blanc sous noir, Montréal, Collectif Blanc, 2019, p. 16. » ? Et s’il y avait dans sa voix éclopée la reconnaissance que notre identité est déchirée par l’altérité ? En s’autorisant à être endeuillée, la nymphe expérimente à même ses membres le deuil immémorial qui y est crypté. Des filiations s’établissent alors entre des temporalités qui, dans le cours normal des choses, ne se rencontreraient pas − les absences et les omissions vécues dans le récit personnel se confondent avec les grandes ruptures de notre humanité. Faudrait-il, comme le suggère Nicolas Lévesque, « renoncer à ancrer le deuil dans une durée particulière, et le laisser s’inscrire dans toutes les strates du temps, ne plus chercher à saisir le temps, mais les temps du deuil57Nicolas Lévesque, op. cit., p. 35. » ? Selon lui, cette temporalité diachronique révèle « la structure foncièrement morcelée du moi [et parce qu’] il n’est plus possible, en somme, de dire “je”58Ibid., p. 36. », la question du deuil ne peut être abordée « qu’indirectement, et relativement à “d’autres choses obscures”59Ibid., p. 34. ». Dans mon carnet, je note : Une beauté persistante se love dans le deuil, qui est une réaction à la perte, mais aussi une relation d’amour pour ce qui a déjà été plein60Le poète David Whyte dit que, dans le deuil, il y a toujours une conversation entre le chagrin et la célébration ; un chagrin de la perte de la personne et une célébration du fait que vous avez pu partager la planète avec cette personne (voir David White cite par Krista Tippet, « Seeking Language Large Enough », op. cit.,https://onbeing.org/programs/robin-wall-kimmerer-the-intelligence-of-plants-2022/). et ça me soulage. Comme s’il y avait là, dans cet agencement des contraires, une complexité qui se révolte contre ce qui, dans la langue et dans les idées, souhaite rendre les expériences individuelles, univoques.

  • 1
    Ovide, « Narcisse et Écho », in Les Métamorphoses, Trad. Danièle Robert, Paris, Actes Sud, 2001, p. 95‑101. Désormais abrégé en NE suivi du numéro de page.
  • 2
    René Lapierre, Renversements : l’écriture-voix, Montréal, Les Herbes rouges, 2011, p. 23.
  • 3
    Philippe Arnaud, « Écho et Narcisse : poésie et impasse chez l’être parlant », Le Télémaque, vol. 40, no 2, 2011, p. 13.
  • 4
    Selon Neuman, tel que rapporté par Havercroft, l’agentivité est « la capacité d’agir de façon autonome, d’influer sur la construction de sa propre subjectivité et sur sa place et sa représentation dans l’ordre social ». Barbara Havercroft, « Autobiographie et agentivité. Répétition et variation au féminin », in Jean-François Hamel, Barbara Havercroft et Julien Lefort-Favreau (dir.). Politique de l’autobiographie : engagements et subjectivités, Montréal, Nota bene, coll. « Contemporanéités », 2018, p. 266.
  • 5
    Florence Klein, « Écho, l’intertextualité déformante et une poétique féminine chez Ovide et quelques autres », Polysèmes, 2018, p. 6.
  • 6
    Camille Readman-Prud’homme, Pendant se taire, suivi de Ce que je suis dans le, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal, 2018, p. 94.
  • 7
    Krista Tippet et David White, « Seeking Language Large Enough », https://onbeing.org/programs/david-whyte-seeking-language-large-enough/.
  • 8
    Paul-Laurent Assoun, « Le deuil et sa complaisance somatique : le deuil et le corps selon Freud », Revue française de psychosomatique, no 30, 2006, p. 129.
  • 9
    Voir David White cité par Krista Tippet, « Seeking Language Large Enough », op. cit.
  • 10
    Paul-Laurent Assoun, op. cit., p. 129.
  • 11
    Selon Jacques Fontanille le corps sensible est à la fois un espace de réception (somatique) et un espace de représentation (sémantique). Voir Ivā Carlos Lopes, « Jacques Fontanille, Soma et séma. Figures du corps, Paris, Maisonneuve et Larose, 2004 », Actes Sémiotiques, 2006, en ligne, https://www.unilim.fr/actes-semiotiques/2150.
  • 12
    Paul-Laurent Assoun, op. cit., p. 125.
  • 13
    Ibid., p. 127.
  • 14
    Andréane Frenette-Vallières écrit : « Nous pouvons choisir quelles fatigues nous useront. Et je choisis celle de l’interminable dévotion. » Andréane Frenette-Vallières, Tu choisiras les montages, Montréal, Éditions du Noroît, coll. « Chemins de traverse », 2022, p. 13.
  • 15
    Nicolas Lévesque, Le deuil impossible nécessaire, édition revue, Montréal, Nota bene, 2013, p. 39.
  • 16
    Gisèle Chaboudez, « Pierre Fédida : des bienfaits de la dépression », Figures de la psychanalyse, no 8, 2003, p. 146.
  • 17
    Paul-Laurent Assoun, op. cit., p. 124.
  • 18
    André Hirt, L’écholalie, Paris, Hermann, 2011, p. 8.
  • 19
    Anna Zerbib, Un passage, suivi de Des chambres à soi, carnet d’adresses, mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal, 2019, p. 72.
  • 20
    Nicolas Lévesque, op. cit., p. 120.
  • 21
    Ibid., p. 179.
  • 22
    Ibid.
  • 23
    Ibid., p. 183.
  • 24
    Gabrielle Giasson-Dulude, Les chants du mime, Montréal, Éditions du Noroît, coll. « Essais », 2017, p. 78.
  • 25
    Estelle Schorpp, « Artiste sonore et chargée de cours en acoustique », communication personnelle, 2022.
  • 26
    Luce Des Aulniers, « Qui pleure ici, là ? », Info deuil – Conférences, colloques, publications, 2024, p. 1-120, https://infodeuil.ca/250/21-qui-pleure-ici-la-/chronique.html.
  • 27
    Paul-Laurent Assoun, op. cit., p. 130.
  • 28
    Gisèle Chaboudez, op. cit., p. 145.
  • 29
    Camille Readman-Prud’homme, op. cit., p. 91.
  • 30
    Michael Richardson et Kyla Allison, « Affect and the Unsaid: Silences, Impasses, and Testimonies to Trauma », in Amy Jo Murray et Kevin Durrheim (dir.). Qualitative Studies of Silence: The Unsaid as Social Action, Cambridge, Cambridge University Press, 2019, p. 238.
  • 31
    Ibid., p. 241.
  • 32
    Georges Didi-Huberman, Blancs soucis, Paris, Éditions de Minuit, 2013, p. 103.
  • 33
    Nathalie Plaat, Karina Marceau et Marie-Ève Cotton, « La riche valeur constructive de la souffrance », https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/a-la-recherche-du-soi-perdu/segments/rattrapage/1953634/rapport-a-soi-avec-nathalie-plaat.
  • 34
    Krista Tippet et Robin Wall Kimmerer, « The Intelligence of Plants », https://onbeing.org/programs/robin-wall-kimmerer-the-intelligence-of-plants-2022/.
  • 35
    Anne Dufourmantelle, Éloge du risque, Paris, Payot et Rivages, 2014, p. 81.
  • 36
    Andréane Frenette-Vallières, op. cit., p. 79.
  • 37
    Nathalie Fraise, L’anorexie mentale et le jeûne mystique du Moyen Âge : faim, foi et pouvoir, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 154.
  • 38
    Luce Des Aulniers, op. cit., p. 3.
  • 39
    Camille Readman-Prud’homme, op. cit., p. 112.
  • 40
    Georges Didi-Huberman, Ninfa dolorosa. Essai sur la mémoire d’un geste, Paris, Gallimard, coll. « Art et artistes », 2019, p. 84.
  • 41
    Luce Des Aulniers, op. cit., p. 5.
  • 42
    Georges Didi-Huberman, op. cit., p. 85.
  • 43
    Ibid., p. 238.
  • 44
    Ibid., p. 125.
  • 45
    Ibid., p. 202.
  • 46
    Ibid., p. 125.
  • 47
    Ibid., p. 261.
  • 48
    Jane Hirshfield, Ledger, New York, Knopf Doubleday, 2020, p. 21.
  • 49
    Georges Didi-Huberman, Gestes d’air et de pierre : corps, parole, souffle, image, Paris, Éditions de Minuit, 2018, p. 40.
  • 50
    Ibid.
  • 51
    Michel Serres, Corps, Paris, Carnets nord, 2017, p. 12.
  • 52
    Georges Didi-Huberman, op. cit., p. 15.
  • 53
    Fabien Jannic-Cherbonnel, « Avoir honte, c’est normé », https://louiemedia.com/emotions/honte
  • 54
    Nicolas Lévesque, op. cit., p. 34.
  • 55
    Georges Didi-Huberman, op. cit., p. 15.
  • 56
    Assumpta Bassas Vila, Blanca Cassas Brullet et Joana Maso, Blanc sous noir, Montréal, Collectif Blanc, 2019, p. 16.
  • 57
    Nicolas Lévesque, op. cit., p. 35.
  • 58
    Ibid., p. 36.
  • 59
    Ibid., p. 34.
  • 60
    Le poète David Whyte dit que, dans le deuil, il y a toujours une conversation entre le chagrin et la célébration ; un chagrin de la perte de la personne et une célébration du fait que vous avez pu partager la planète avec cette personne (voir David White cite par Krista Tippet, « Seeking Language Large Enough », op. cit.,https://onbeing.org/programs/robin-wall-kimmerer-the-intelligence-of-plants-2022/).