Humour, comique et sublime pervers dans la fantasmatique cannibalique de Sade. Un essai de critique kleinienne.

Humour, comique et sublime pervers dans la fantasmatique cannibalique de Sade – Un essai de critique kleinienne

Frédéric Mazières
Paris III-Sorbonne Nouvelle

Ancien membre de l’équipe « Sade » du CNRS, sous la direction du Professeur Lever, Frédéric Mazières est docteur en sciences du langage (Sorbonne Nouvelle) et en littérature française (Sorbonne Nouvelle). Il a exposé ses travaux sur Sade et l’humour pervers à Winnipeg (Canada, 2014), Sarrebruck (Allemagne, 2016), Paris (2019), Genève (Suisse, 2019), Macerata (Italie, 2021) et à la Texas Tech University (États-Unis, 2021) 

Introduction

Dans le cadre d’un essai de critique kleinienne1La créativité sadienne renvoie à la sexualité et à la pensée prégénitales (ou perverses), décrites, en détail, par la psychanalyste. Nous préférons ce syntagme à celui de « critique fantasmatique », moins précis., notre article traite des représentations comiques des fantasmatiques vampirique et cannibalique chez Sade. C’est en prison, après s’être adonné à des séances oniriques et masturbatoires, qu’il transcrit les variations les plus grotesques de sa fantasmatique orale. En contrepoint des occurrences sadiennes, nous avons commenté celles que nous avons rencontrées chez Mirbeau, Lautréamont, Poe ou Artaud et même chez Bellmer, dont la créativité a été aussi singulièrement marquée par les outrances de fantasmes prégénitaux.

Le stade oral2Trois stades prégénitaux (oral, sadique-anal et phallique), liés à une zone érogène (bouche, anus, phallus), précèdent l’Œdipe (stade génital). Chaque stade prégénital génère sa fantasmatique et son esthétique., qui dure un an après la naissance, comprend deux phases : 1/ une phase orale précoce, dite « vampirique », au cours de laquelle l’infans suce le sein et aspire le lait ; 2/ une phase sadique-orale dite « cannibalique » (stricto sensu) où il mord le sein avec ses dents naissantes. C’est le stade le plus archaïque et le plus violent des stades libidinaux puisque l’amour et la haine s’y mêlent dans la démesure. Aux frontières de l’humanité psychique, il génère une fantasmatique particulièrement destructrice. À cette époque, le bébé, sorte de petit psychopathe, a des émotions extrêmes, a fortiori s’il endure de graves carences maternelles. En représailles, tout vandalisme du corps maternel est fantasmé. La fantasmatique orale peut devenir meurtrière. Bressac, l’une des créatures les plus terrifiantes de Sade, ressuscite, au cours d’une orgie saugrenue, cette matriphobie criminelle : « [il] trousse sa mère ; ses mains impures se portent avec lascivité sur les chastes attraits de cette respectable femme : le sein qui l’allaita excite sa fureur ; il le pétrit dans ses doigts matricides3La Nouvelle Justine, Œuvres, M. Delon (éd.), Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », t. 2, 1995, p. 514, désormais NJ. ». Rares sont les écrivains qui se seront autant amusés avec leurs fantasmes primitifs. Cependant, des fantasmes pervers contiennent, déjà, per se, des aspects comiques. Des enfants rient de leurs propres fantasmes cannibaliques et nécrosadiques : « j’ai entendu de tout petits enfants rire à l’idée qu’ils avaient réellement voulu manger leur maman ou la couper en morceaux4Mélanie Klein, La psychanalyse des enfants, trad. J.-B. Boulanger, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2013 [1959], p. 25. ».

Multirécidiviste, souvent incarcéré, Sade a souvent eu l’opportunité de jouer avec des reliquats de sa pensée prégénitale. Ses mises en scène réactivent les plaisirs prégénitaux qui sont devenus « pervers ». Parmi les figures risibles de cette pensée, citons les équations fantasmatiques. En effet, dans la pensée primaire de l’infans, des parties du corps (bouche, sein, anus, pénis, etc.) ou leurs productions (lait, salive, larme, étron, sang, morve, urine, etc.) peuvent se confondre. Des équations fantasmatiques sont si grotesques qu’elles relèvent du comique pervers. Le grotesque appartient au champ de l’esthétique mais aussi du comique5En plus du rêve, l’esthétique et le comique sont deux autres voies d’accès des contenus inconscients/ préconscients à la conscience.. En voici un exemple, lié à la fantasmatique orale (sein = anus) : « la jeune fille répandit par son anus, dans la tasse du duc, trois ou quatre cuillerées d’un lait très clair et nullement souillé6Les Cent Vingt Journées de Sodome, M. Delon (éd.), op.cit., t. 1, 1990, p. 250, désormais 120 J. ». Cette irruption d’un fantasme archaïque dans un protocole mondain renvoie au comique de situation.

Le scénario suivant, avec son pantin7Cette mécanisation relève de l’esthétique de la farce. sadique, est si schématique et brutal qu’il glisse vers la farce perverse, d’autant plus que le personnage anonyme se livre, sur fond de fantasmatique prégénitale, à un cruel canular : « il lui arrache les couilles et les lui fait manger sans le lui dire, puis remplace ces testicules par des boules de mercure, de vif-argent et de soufre » (120 J, 367). Nous retrouvons dans ce lazzi, dans cette farce muette, la quintessence du comique, sa prégénitalité. D’ailleurs, Sade goûtait volontiers le « bas comique8Lettre à Mlle de Rousset, son amie, 12 [mai 1779], Lettres et mélanges littéraires, Paris, Borderie, 1980, p. 69. ». Les scenarii qui proposent des esthétiques ou des perversions inouïes relèvent du sublime pervers, degré supérieur du simple grotesque prégénital. La scatophilie de Thérèse, qui, depuis son enfance, garde de la merde dans son cul, atteint ce niveau de tératologie (120 J, 53). En voici deux autres exemples : Jérôme contraint Héloïse à mordre des morceaux du cœur qu’il vient d’extirper du cadavre de son amant (NJ, 752). Ailleurs, un zoophile sadien sodomise l’enfant monstrueux qu’il a eu avec une chèvre (120 J, 331). Cependant, ces aberrations inquiètent plus qu’elles ne font rire.

Si, en contrepoint de leurs curiosités esthétiques, des scenarii subvertissent les « normes » corporelles « génitales », si les libertins, par exemple, y déstructurent les corps des victimes, ils relèvent, alors, également, de l’humour pervers9Si, dans un scénario, apparaît un biographème, un épisode déguisé de la vie de Sade, nous glissons, alors, vers l’humour pervers, procédé également psychobiographique. Nous ne traiterons pas ici cette forme d’humour pervers (voir nos précédents articles).. Ils contribuent au triomphe du contre-système déviant. Ils ne visent pas à un effet esthétique passager mais à la subversion du monde génital ou non pervers. Ainsi, des roués sadiens, à l’issue d’une « chirurgie » qui brise la cloison entre l’anus et le vagin, forcent Augustine à chier par le con (120 J, 371). Leur « artisanat criminel »10Expression de Bellmer., qui réalise la théorie prégénitale du cloaque décrite par Freud, réforme la logique anatomique du corps féminin. En somme, les jeux littéraires de Sade avec sa fantasmatique perverse, et, en l’occurrence cannibalique (lato sensu11Vampirisme et cannibalisme (stricto sensu).), ont trois registres : la farce, le comique et l’humour pervers12Nous nous sommes inspiré de l’approche psychanalytique des procédés comiques (lato sensu).. Ils forment un continuum.

1. Représentations comiques du vampirisme chez Sade (sucer)

Préliminaires : genèse carcérale de sa fantasmatique

La résurrection de fantasmes archaïques est si ardue que seules des conditions extrêmes, telles que ses incarcérations, ont pu permettre à Sade de bien les transcrire dans des scenarii pervers de plus en plus extravagants. À cet effet, il s’adonnait, jusqu’à des heures avancées de la nuit, à des rêvasseries pathogènes13Il explique la genèse onirique de ses œuvres dans l’Histoire de Juliette, M. Delon (éd.), op.cit., t. 3, 1998, p. 752-753, désormais HJ.. Dans sa cellule, ersatz symbolique du claustrum maternel, il dépend de ses geôliers. En proie à de violents maux digestifs, il ne se nourrit plus, comme s’il était en bas-âge, que de lait14Lettre à son épouse, [novembre 1781], éd. Borderie, op.cit., p. 100.. Il peut retrouver l’essence du premier stade libidinal. Comme le nourrisson, il ne dispose que de ses fantasmatiques cannibaliques pour se venger des agressions de ses nombreuses « ennemies » : sa belle-mère, Mme de Montreuil, responsable de ses incarcérations, son épouse, qu’il soupçonne de trahison et Milli, une amie, qui finit par l’importuner avec ses sarcasmes, dont l’étymologie (σαρκίζω) renvoie à l’idée de morsure canine15Notons la présence dans l’Odyssée du curieux rire ensanglanté des prétendants (chant XX, vers 347-349).. Épuisés par leurs attaques, ils renoncent à s’écrire. Le registre des relations épistolaires de Sade est volontiers sadique-oral. En proie à une profonde dysphorie carcérale, la fantasmatique de la « mauvaise mère », avec son cortège de terribles imagos16Représentations archaïques, caricaturales et agressives des parents., est réactivée.Dans une lettre,il compare d’ailleurs sa belle-mère à un cannibale et même à un vampire : « onze ans de malheur […] ne contentent point encore cette bête vorace ! Eh ! Bien ! Dites-lui qu’elle vienne se rassasier de mon sang17Lettre à son épouse [début janvier 1783], éd. Borderie, op.cit., p. 126. ». Il l’accuse aussi de « gentillesse d’éborgnement18Lettre de Sade à Renée [mai 1783], Correspondances du marquis de Sade et de ses proches, A. Laborde (éd.), Genève, Slatkine, 2007, t. 18, p. 87. », autrement dit de castration oculaire. En effet, les prisons l’ont rendu presque aveugle. Cette castration, à distance, relève d’un cannibalisme symbolique. Dans la fantasmatique de Bataille, esprit hanté par celui du marquis, nous retrouvons la même équation fantasmatique : œil = testicule19Réminiscences, Romans et récits, D. Hollier (éd.), Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2005, p. 48..

Tout enfant commence son existence en absorbant le lait de sa mère, l’un des produits de son corps. Pour dénommer ce cannibalisme originel, on parle de vampirisme. En effet, à l’instar du vampire, le bébé se nourrit de liquide corporel. De surcroît, dans sa pensée naissante, le lait équivaut au sang, nouvelle équation fantasmatique. Mais celui-ci peut être contaminé, nourri des désirs incestueux de sa génitrice. Dans ce passage d’un roman dit « autobiographique » de Mirbeau, le lait maternel est même souillé : « ma mère [celle de l’abbé Jules] m’a-t-elle allaité avec des excréments ?20L’Abbé Jules, Œuvre romanesque, Pierre Michel (éd.), Paris, Buchet/Chastel, vol. 1, p. 375. ». Le fécal corrompt le sénal (lait = excrément). L’esthétique sadique-anale triomphe dans le grotesque. Les systèmes corporels fusionnent. Ce scénario relèverait alors, également, de l’humour pervers.

Tout liquide corporel de leurs proies intéresse les roués sadiens : « on avait mêlé aux aliments, dont on se gorgeait, les excréments exhalés du corps de ces gitons, leurs larmes, leur sueur et leur sang » (NJ, 931). Les roués-vampires se nourrissent même de leurs larmes : elles leur permettent de mesurer, dans l’allégresse, la « quantité » des souffrances endurées. Dans ce scénario vampirique-masochique, des excrétions, objets de répulsion « donc » érogènes, sont goulûment absorbées par des pervers : « l’une voudra lui chier dans la bouche, l’autre lui faire lécher ses crachats à terre ; celle-ci se fait lécher le con avec ses règles, cette autre l’entre-deux des doigts des pieds, celle-là sa morve, etc. » (120 J, 319). En effet, le sang menstruel, associé à l’excrémentiel, est recherché par les roués sadiens, a fortiori s’ils sont coprophages : « de la merde et des règles ! Oh ! Doubledieu, quelle affreuse décharge je vais faire ! » (NJ, 697-698). Cette fongibilité des liquides corporels renvoie de nouveau à l’obsession prégénitale des libertins de détruire la membrane qui sépare le vagin de l’anus : « il détermine un accouchement par le trou du cul » (120 J, 344). Nous glissons bien vers l’humour pervers.

Les règles donnent lieu à des cunnilinctus « endiablés » : « tu auras, me dit le vilain, la bonté de m’avertir du jour où tes règles sont les plus abondantes ; couchée sur un lit, les cuisses très écartées, je m’agenouillerai devant toi, je te gamahucherai le con, je m’enivrerai de ces menstrues que j’adore » (HJ, 1160). L’euphorie puérile du roué rend cette scène comique.

Cependant, elle rappelle également des légendes sur le corps féminin : à l’époque d’Ambroise Paré, les menstrues exprimaient la puissance incontrôlable de la libido féminine. De nos jours, dans des cercles du Body Art lesbien, notamment chez les « Vampyres », elles sont l’occasion d’un culte esthético-sexuel particulièrement austère, rude et structuré. Les plaies purulentes, objets d’une esthétique du pathologique, donnent lieu aussi à des pratiques tératologiques. Dans cet extrait des Chants de Maldoror, ce bouillon monstrueux de maladies vénériennes atteint le sublime pervers : « la potion la plus lénitive que je te conseille est un bassin, plein d’un pus blennorragique à noyaux, dans lequel on aura préalablement dissous un kyste pileux de l’ovaire, un chancre folliculaire, un prépuce enflammé, renversé en arrière du gland par une paraphimosis, et trois limaces rouges21Œuvres complètes, J.-L. Steinmetz (éd.), Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2009, p. 192. ». Cependant, ce passage, par ses outrances, a dû déclencher bien des éclats de rire. Nous retrouvons cette veine esthético-médicale, sur fond de voyeurisme morbide, dans la correspondance de Mirbeau. Dans une lettre à un ami, il se délecte du spectacle de l’amputation du pénis d’un patient de son père médecin22Premier juillet 18[69], Correspondance générale, P. Michel (éd.), Lausanne, l’Âge d’Homme, t. 1, p.142-143.. Enfin, Minski, l’ogre russe de Sade, mange des « bouts de boudin faits avec du sang de pucelles et deux pâtés aux couilles » (HJ, 720). Dans ce fantasme saugrenu du boudin fécal, aux limites des fantasmatiques des liquides et des solides, les stades oral et anal s’intriquent (boudin = étron). Quatre pratiques perverses également : le vampirisme, la coprophagie et la pédophilie. Au-delà du comique pervers, nous atteignons de nouveau, dans ce cumul de pratiques déviantes, le sublime pervers. Par ailleurs, il suffit d’oser imaginer le processus de fabrication du pâté aux couilles, figure d’un cannibalisme partiel, pour que ce grotesque risible bascule, comme l’avait signifié Hugo dans sa Préface de Cromwell, dans l’horreur. En 1969, toujours dans le cadre du Body Art, Michel Journiac proposa du boudin fait avec son propre sang aux spectateurs. Cette performance saugrenue intitulée Messe pour un corps, qui n’était pas destinée à faire rire mais à troubler les habitus esthétiques du public, mêlait également, au-delà du décorum liturgique (une messe en latin était dite), fantasmatiques anale et orale.

2. Représentations comiques du cannibalisme chez Sade (dévorer)

                                                        « Le cannibale aime tant son prochain qu’il le mange23Cette remarque pleine de malice est de Green (Nouvelle Revue de Psychanalyse, Paris, Gallimard, n°6, automne 1972, p. 51). »

2.1 Le cannibalisme (sénal) des enfants

Le « bon » sein24Dans la pensée kleinienne, le sein, comme les autres « objets » qui entourent l’enfant, sont, du point de vue de celui-ci, animés (« bon sein ») ou non (« mauvais sein ») de bonnes intentions. structure l’existence naissante. L’incorporation des qualités et de la puissance de la mère passe par cet organe. Comme il satisfait ses besoins vitaux et libidinaux, il est tentant pour le nourrisson, d’imaginer une mère polymaste, aux multiples seins à sa disposition. La sculpture de Diane d’Éphèse en est l’une de ses représentations. Un bronze de Bellmer, La toupie,en est une autre. Il illustre le fantasme vertigineux du bébé qui rêve d’un festin de bon lait mais aussi d’une orgie de belles et molles chairs sénales. Ce corps, qui représente l’une des folies fantasmatiques de la libido orale, relève aussi bien du sublime que de l’humour pervers. Les dents providentielles, qui apparaissent au cours de la deuxième phase du stade oral, servent d’armes à l’infans contre les « attaques » du monde extérieur mais aussi d’instruments de représailles contre les manquements de sa mère : abandon, sevrage et gavage. Enragé pendant la tétée par ce « mauvais » sein qui force sa barrière labiale, l’infans, halluciné, mordra en retour ce qui ressemble à un énorme pénis agressif (sein = pénis25D’après Suétone, Tibère s’amusait à donner à téter son pénis à des enfants non sevrés.). Il prend également du plaisir à le pomper, à le vider et à le mâcher, d’autant plus que le goût de la viande rappelle celui du lait. Fantasmatiques des liquides et des solides pourraient se confondre dans l’horreur.

Saint-Fond retrouve ici cette violence prégénitale anti-sénale : « il la mordit jusqu’au sang, en cinq ou six endroits de son corps ; une de ces morsures lui emporta la fraise du téton gauche, le coquin l’avala » (HJ, 478). Outre le sadisme mécanisé de cette scène, propice au risible, la vivacité du rythme et la trivialité de son lexique, voltairiens, la rendent d’autant plus amusante. Ce fantasme sénophobe et sénophage est structurel chez Sade puisqu’il apparaît dans les Cent Vingt Journées : « le paillard […] se jette comme une bête féroce sur la fille, et la mord sur toutes les chairs, et principalement sur le clitoris et le bout des tétons, qu’il emporte ordinairement avec ses dents » (120 J, 340). L’adverbe, qui banalise une scène remarquablement atroce, pourrait au moins faire sourire.

Le sein, centre névralgique de l’esthétique26Le sentiment esthétique est le résultat des expériences multi-sensorielles avec le monde objectif, résumé, à cette époque-là, dans le sein de la mère., est bien l’une des obsessions mortifères des roués sadiens. Ils revivraient, en revoyant le « mauvais » sein maternel, des épisodes prégénitaux refoulés. Nous retrouvons cette fantasmatique sénophobe dans Le Martyre de Sainte Eulalie, poème de Garcia Lorca, où les seins de la vierge martyre sont découpés, fumés et déposés sur un plateau destiné au Consul. Cette sénophagie remonterait, là encore, à la prime enfance.

2. 2 Le cannibalisme des parents

Des mères ont des fantasmes meurtriers et même cannibaliques. En Australie, les femmes de la tribu Pitjentara dévoraient leurs enfants. Lacan évoque le syndrome imagé de la mère-crocodile : « le rôle de la mère, c’est le désir de la mère […] Ça entraîne toujours des dégâts. Un grand crocodile dans la bouche duquel vous êtes – c’est ça la mère. On ne sait pas ce qui peut lui prendre tout d’un coup, de refermer son clapet27Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse (1969-1970), Paris, Le Seuil, 1991, p. 129. ». D’ailleurs, l’infans pourrait voir dans le « sein-bouche » de sa « mauvaise mère » une gigantesque dent archaïque, d’autant plus que sa véritable bouche, « gueule » ouverte et abyssale, le terrorise déjà. Klein renchérit : « les enfants […] s’attendaient à être coupés en morceaux, décapités, dévorés [par les parents]28Essais de psychanalyse, trad. M. Derrida, Paris, Payot, 2005 [1947],p. 307. ». Les fantasmes cannibaliques des nourrissons, défensifs, seraient réactionnels. D’où les légendes des bébés-cannibales. La dyade mère-fils devient alors pathogène, contaminée par la pulsion de mort. Cependant, des jeux cannibaliques sublimatoires, sous forme, par exemple, d’innocents mordillements, peuvent apparaître entre les deux « duellistes ».

À l’instar de Cronos, les géniteurs cannibales ne sont pas rares dans la mythologie grecque : Tantale coupe en morceaux et cuit son fils Pélops pour en régaler les Dieux ; Thyeste mange ses enfants à son insu ; Dionysos, dévoré par les Titans dans sa jeunesse, goûte, en réaction à cet épisode traumatique, les « plaisirs » de la consommation de la chair humaine. De la même manière, Minski, une imago sadienne, s’adonne volontiers au cannibalisme pédophilique : « tous les débris de cadavres que vous voyez ici, ne sont que le reste des créatures que je dévore ; je ne me nourris que de chair humaine […] et l’on a tué pour notre souper un jeune garçon de quinze ans, que je foutis hier, et qui doit être délicieux » (HJ, 702). Comme il en est coutumier, le marquis « sabote » son fantasme anthropophage originel pour en faire une mise en scène si outrancière qu’elle en devient comique. Dans Les Cent Vingt Journées de Sodome, il décrit une séance de cannibalisme autophage et convivial : « il lui enlève plusieurs morceaux de chair de dessus tout le corps, les fait rôtir et l’oblige de les manger avec lui » (120 J, 345). Aussi risible soit-il, ce repas auto-sacrificiel est aussi un grave symptôme psychiatrique. C’est la mise en scène de Sade qui le fait basculer dans le champ de la littérature et, plus précisément, dans celui du comique pervers.

2. 3 Le cannibalisme gastronomique des tueurs en série

Des serial killers jouent avec leurs pulsions cannibaliques mais dans les réalités de la scène de crime29Marie-Laure Susini, psychiatre, à partir de faits biographiques établis par Pauvert, et notamment de son goût pour la nécrophilie, classe Sade parmi les « criminels pervers ». Son cannibalisme serait, lui, resté fantasmé.. Sade a dû d’ailleurs s’inspirer à loisir des fantasmes meurtriers de ses co-détenus30Nous pensons, entre autres, au comte de Solages (voir Jean-Jacques Pauvert, Sade vivant, Paris, Attila, 2013, p. 238, 508 et 675).. Après avoir découpé des lambeaux de chair des corps de ses victimes féminines, Kemper les cuisine avec des oignons dans une casserole de macaronis. Nous retrouvons cet habitus dans la « geste » criminelle d’Albert Fish, un autre tueur en série américain. Il ose divulguer, dans une missive adressée à la mère de sa jeune victime, les détails sur la cuisson et la consommation des fesses de sa fille : « je l’ai étranglée puis l’ai découpée en petits morceaux pour pouvoir emporter la viande dans mon appartement. Je l’ai fait cuire et l’ai mangée. Son petit cul était si tendre et si bon une fois rôti au four !31Harnold Schechter, Un esprit dérangé, trad. G. Blattmann, Paris, éd. J’ai lu, coll. « Crimes & Enquêtes », 1994, p. 129. ». Il a dû bien rire des exubérances de son inventivité, notamment en matière de perversité32Ne pas confondre perversion sexuelle et perversion morale (perversité). Le pervers narcissique provoque des réactions chez ses victimes. L’humour sadien est également pervers dans ce sens-là (voir nos précédents articles).. De crainte de le perdre, les parents d’Issei Sagawa, le « Japonais cannibale », auraient fait subir à leur enfant chétif un gavage oral. C’est ce genre d’intrusion violente qui aura exacerbé à vie ses pulsions cannibaliques contre sa mère puis contre sa victime princeps, une jeune étudiante en lettres. Avant de céder à ses pulsions cannibaliques, et, plus précisément, pygophagiques, agi par une sorte de pulsion du comique, Sagawa plante un petit drapeau « Hippopotamus » dans les fesses de la jeune Hollandaise.

Pulsions de mort et ludisme se lovent étrangement, comme si, chez certains tueurs, leurs essences étaient irrémédiablement liées et même interdépendantes. Cet entrelacement est au cœur du sadisme, qu’il soit effectif ou imaginaire. Gilles de Rais s’amuse aussi beaucoup avec ses proies, avant de les rendre au néant. Alors qu’il est encore en train de digérer la sienne, Sagawa remarque qu’il y a un magnifique coucher de soleil et que l’esprit de Renée semble flotter sur la Seine. Même si sa passion a régressé jusqu’à son expression la plus primitive, c’est, selon l’étudiant japonais en littérature française, le plus bel acte d’amour qu’un homme puisse accomplir. Son archaïsme serait une preuve de sa pureté. Et c’est dans cet étrange lyrisme, étayé sur un épisode de cannibalisme, que réside la subversion du discours amoureux.

Nous retrouvons, autrement, le principe de l’humour pervers. Après avoir réalisé son fantasme anthropophage, à défaut de pouvoir commettre d’autres crimes sexuels, il sublime ses pulsions sadiques-orales en écrivant un essai sur le cannibalisme ou en devenant critique gastronomique. Rares sont les authentiques cannibales qui auront métabolisé leurs pulsions jusqu’à l’écriture ou jusqu’aux arts plastiques.

3. Représentations comiques du cannibalisme masochique (être dévoré)

Le fantasme de la dévoration peut être masochique. Le nourrisson pressent que seul lui pourrait satisfaire les appétits et la libido voraces de sa mère. Après le fantasme du loup anthropophage, voici celui de la louve cannibale. Les deux imagos parentales fusionnent : ils « cannibalisent33Néologisme de Sade (HJ, 504). » l’infans de concert. Ce fantasme est d’autant plus cohérent dans son « système de pensée » prégénital qu’ilrêve de réintégrer le corps de sa mère et de retrouver, ainsi, le claustrum perdu. Le cannibalisme, érogène, est prolifique en fantasmes.

Dans l’un de ses écrits les plus obscurs et les plus tardifs, appelé Les Mères à l’étable, Artaud crie sa douleur encore vive d’avoir succombé à leur cannibalisme psychique : « ce sont les Mères qui ruent dans le moi de tout homme avec leurs ailes de sagaies […] C’est ainsi que les Mères ont violé ma pensé34Suppôts et Supplications, Œuvres, É. Grossman (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2016, p. 1249. ». Sa gynécophobie, qui est aussi structurelle que chez Sade, donne lieu à de terribles formulations.

Le fantasme du vagin denté

La peur d’être mangé par sa mère peut amener l’infans à construire des fantasmes phobiques défensifs, parmi lesquels le fantasme cannibalique du vagin denté, porteur de la terreur de l’enfant pour la Mère primitive. C’est l’une des expressions les plus saugrenues de l’horror feminae. Dans un conte des Murias, peuple indien, les vagins dentés, en raison de leur dangerosité, sont même jugés et pendus. Cependant, des femmes pourraient se complaire dans ce fantasme cannibalique castrateur qui coupe, dévore et engloutit le pénis. Suite à une nouvelle confusion35Voir aussi le fantasme des labias horizontales. de l’infans entre l’ « effrayante » bouche dentée de sa mère et son vagin (bouche = vagin), il imagine qu’il est également denté, qu’il est capable donc de le broyer et de l’incorporer. Ce fantasme serait destiné à éradiquer, chez l’infans, tout désir coïtal.

L’inceste aboutirait à l’anéantissement physique et psychique du jeune fautif. Dans Œdipe à Colone, de Sophocle, le héros finit d’ailleurs avalé par la Terre – « mère ». Aux temps archaïques, des défunts étaient parfois enterrés en position fœtale. Dans son testament, Sade, qui semble terrorisé à l’idée d’être enterré vivant dans ce corps symbolique de la « mauvaise mère », exige que l’on s’assure bien, auparavant, qu’il soit bien mort. Cette phobie de la terre-mère, étayée par Mendel, un psychanalyste, est régulièrement évoquée dans ses récits, notamment dans la farce nécrophile de la « passion » 54 (120 J, 355).

Ce fantasme du vagin denté apparaît, à l’occasion, dans la littérature, notamment chez Verlaine qui évoque le « sexe mangeur » d’une inspiratrice36« Mais après les merveilles », Œuvres poétiques complètes, Y.-G. Le Dantec (éd.), Paris, Gallimard, 1989, coll. « La Pléiade », p. 768.. Il fait aussi l’objet d’une mise scène des plus cocasses, dans une narration vaudouïsante de la dictature de Duvalier :

Il [personnage principal] se jette sur Nounoune, lèche sa peau, mord ses yeux. Elle soupire. Il lève sa robe, touche son vagin et fait des grimaces. Quel animal, dit-il. Regarde la crête. On dirait une langue de couleuvre. Nounoune, a-t-il des dents ? Pourquoi ne fait-on pas l’amour dans la bouche ? C’est à cause de cet animal que les roisnègres deviennent des bourreaux, tuent les opposants pour avoir cet animal dont les poils37Voir le fantasme tout aussi colpophobe de la Méduse avec ses cheveux « phalliques ». cachent une pile de maringouins [moustiques]38Gérard Étienne, Le Nègre Crucifié, Genève, éditions Métropolis, 1989, p. 65..

Ce fantasme « psychopathique » serait même à l’origine d’actes criminels gynécophobes, notamment de leurs mises en scène. Il est l’objet d’une phobie si profonde que, chez Sade et Poe39À la fin de Bérénice de Poe, Egæusbrise la dentition de son épouse morte., les dents buccales, qui représentent les dents vaginales, phalliques, sont violemment brisées : « il lui donne un coup de marteau sur les dents de devant, en déchargeant » (120 J, 341). La littérature contribue à exprimer et à éradiquer sa menace immanente. Cette amputation symbolique de la mère phallique-castratrice est un épisode de contre-cannibalisme ; elle représente la destruction de la redoutable fusion des imagos des parents.

4.  La nécrophagie : une forme ultime de cannibalisme

La nécrophagie relève aussi du cannibalisme. Selon l’arithmétique inconsciente, elle est associée à la coprophagie, autrement dit : cadavre = étron. La nécrophagie dépasse en horreur les perversions les plus extrêmes. Elle ne pouvait qu’intéresser au plus haut point les ambitions sociopathiques de Sade, et, plus précisément, sa sociopathie culturelle40La sociopathie peut aussi se définir par des déviances culturelles.. Le ludisme pervers sadien nous transporte bien au-delà de la simple marginalité littéraire. Ce scénario foudroie toute « norme » : « la mère de cette fille, la bouche ouverte en l’air et obligée de recevoir dans sa bouche toutes les ordures qui découlent du cadavre, et l’enfant si elle en accouche » (120 J, 374-375). Dans cette scène vertigineuse, nourrie d’aberrations esthétiques, le mode implicite est encore plus « pervers » que le mode explicite : la mère ingurgite le fœtus de sa fille, ancien fœtus de cette mère. En deçà du sublime pervers, il y aurait ici une représentation parodique d’une vérité clinique : une mère endeuillée pourrait incorporer les reliquats de son enfant, objet de fantasmes incestueux41Gérard Bonnet, « Deuil et sexualités », Dialogue, n° 180, 2008, p. 42-43.. Cependant, des roués qui, tout en échappant à la « banalité » de la sexualité « coïtale42« La normalité, c’est l’Éros châtré » (Joyce Mc Dougall, Plaidoyer pour une certaine anormalité, Paris, Gallimard, coll. « Connaissance de l’inconscient », 2013, p. 87). », atteignent ce climax de la perversion humaine, risquent de sombrer dans la folie. Voici ce qu’un père réalise avec le cadavre de sa progéniture, encore tout « frais » : « il se remet à genoux entre les cuisses de sa fille, rebaise encore mille fois encore [son] beau cul […] le pique, le mord, applique dessus des claques furieuses, arrache même un morceau de chair avec ses dents et sodomise. Ici son délire nous paraît au comble ; il grince les dents, il écume » (HJ, 1130). Au-delà de la gravité de ce deuil nécrophagique, nous percevons, malgré tout, aux interstices du texte, la présence d’un comique sournois. La pulsion du comique rendrait la pulsion de mort encore plus perturbante et perverse.


  • 1
    La créativité sadienne renvoie à la sexualité et à la pensée prégénitales (ou perverses), décrites, en détail, par la psychanalyste. Nous préférons ce syntagme à celui de « critique fantasmatique », moins précis.
  • 2
    Trois stades prégénitaux (oral, sadique-anal et phallique), liés à une zone érogène (bouche, anus, phallus), précèdent l’Œdipe (stade génital). Chaque stade prégénital génère sa fantasmatique et son esthétique.
  • 3
    La Nouvelle Justine, Œuvres, M. Delon (éd.), Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », t. 2, 1995, p. 514, désormais NJ.
  • 4
    Mélanie Klein, La psychanalyse des enfants, trad. J.-B. Boulanger, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2013 [1959], p. 25.
  • 5
    En plus du rêve, l’esthétique et le comique sont deux autres voies d’accès des contenus inconscients/ préconscients à la conscience.
  • 6
    Les Cent Vingt Journées de Sodome, M. Delon (éd.), op.cit., t. 1, 1990, p. 250, désormais 120 J.
  • 7
    Cette mécanisation relève de l’esthétique de la farce.
  • 8
    Lettre à Mlle de Rousset, son amie, 12 [mai 1779], Lettres et mélanges littéraires, Paris, Borderie, 1980, p. 69.
  • 9
    Si, dans un scénario, apparaît un biographème, un épisode déguisé de la vie de Sade, nous glissons, alors, vers l’humour pervers, procédé également psychobiographique. Nous ne traiterons pas ici cette forme d’humour pervers (voir nos précédents articles).
  • 10
    Expression de Bellmer.
  • 11
    Vampirisme et cannibalisme (stricto sensu).
  • 12
    Nous nous sommes inspiré de l’approche psychanalytique des procédés comiques (lato sensu).
  • 13
    Il explique la genèse onirique de ses œuvres dans l’Histoire de Juliette, M. Delon (éd.), op.cit., t. 3, 1998, p. 752-753, désormais HJ.
  • 14
    Lettre à son épouse, [novembre 1781], éd. Borderie, op.cit., p. 100.
  • 15
    Notons la présence dans l’Odyssée du curieux rire ensanglanté des prétendants (chant XX, vers 347-349).
  • 16
    Représentations archaïques, caricaturales et agressives des parents.
  • 17
    Lettre à son épouse [début janvier 1783], éd. Borderie, op.cit., p. 126.
  • 18
    Lettre de Sade à Renée [mai 1783], Correspondances du marquis de Sade et de ses proches, A. Laborde (éd.), Genève, Slatkine, 2007, t. 18, p. 87.
  • 19
    Réminiscences, Romans et récits, D. Hollier (éd.), Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2005, p. 48.
  • 20
    L’Abbé Jules, Œuvre romanesque, Pierre Michel (éd.), Paris, Buchet/Chastel, vol. 1, p. 375.
  • 21
    Œuvres complètes, J.-L. Steinmetz (éd.), Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2009, p. 192.
  • 22
    Premier juillet 18[69], Correspondance générale, P. Michel (éd.), Lausanne, l’Âge d’Homme, t. 1, p.142-143.
  • 23
    Cette remarque pleine de malice est de Green (Nouvelle Revue de Psychanalyse, Paris, Gallimard, n°6, automne 1972, p. 51).
  • 24
    Dans la pensée kleinienne, le sein, comme les autres « objets » qui entourent l’enfant, sont, du point de vue de celui-ci, animés (« bon sein ») ou non (« mauvais sein ») de bonnes intentions.
  • 25
    D’après Suétone, Tibère s’amusait à donner à téter son pénis à des enfants non sevrés.
  • 26
    Le sentiment esthétique est le résultat des expériences multi-sensorielles avec le monde objectif, résumé, à cette époque-là, dans le sein de la mère.
  • 27
    Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse (1969-1970), Paris, Le Seuil, 1991, p. 129.
  • 28
    Essais de psychanalyse, trad. M. Derrida, Paris, Payot, 2005 [1947],p. 307.
  • 29
    Marie-Laure Susini, psychiatre, à partir de faits biographiques établis par Pauvert, et notamment de son goût pour la nécrophilie, classe Sade parmi les « criminels pervers ». Son cannibalisme serait, lui, resté fantasmé.
  • 30
    Nous pensons, entre autres, au comte de Solages (voir Jean-Jacques Pauvert, Sade vivant, Paris, Attila, 2013, p. 238, 508 et 675).
  • 31
    Harnold Schechter, Un esprit dérangé, trad. G. Blattmann, Paris, éd. J’ai lu, coll. « Crimes & Enquêtes », 1994, p. 129.
  • 32
    Ne pas confondre perversion sexuelle et perversion morale (perversité). Le pervers narcissique provoque des réactions chez ses victimes. L’humour sadien est également pervers dans ce sens-là (voir nos précédents articles).
  • 33
    Néologisme de Sade (HJ, 504).
  • 34
    Suppôts et Supplications, Œuvres, É. Grossman (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2016, p. 1249.
  • 35
    Voir aussi le fantasme des labias horizontales.
  • 36
    « Mais après les merveilles », Œuvres poétiques complètes, Y.-G. Le Dantec (éd.), Paris, Gallimard, 1989, coll. « La Pléiade », p. 768.
  • 37
    Voir le fantasme tout aussi colpophobe de la Méduse avec ses cheveux « phalliques ».
  • 38
    Gérard Étienne, Le Nègre Crucifié, Genève, éditions Métropolis, 1989, p. 65.
  • 39
    À la fin de Bérénice de Poe, Egæusbrise la dentition de son épouse morte.
  • 40
    La sociopathie peut aussi se définir par des déviances culturelles.
  • 41
    Gérard Bonnet, « Deuil et sexualités », Dialogue, n° 180, 2008, p. 42-43.
  • 42
    « La normalité, c’est l’Éros châtré » (Joyce Mc Dougall, Plaidoyer pour une certaine anormalité, Paris, Gallimard, coll. « Connaissance de l’inconscient », 2013, p. 87).